École d'aventure,  Falaises,  Jeunes

Pèlerinage aux sources de l’escalade

Le mont Salève, ce sommet anodin de notre région, fut un haut lieu du développement de l’escalade moderne. Les plus anciens se souviendront du mot varappe qui tire son origine de la dénomination des couloirs rocheux du Salève. Ce synonyme du mot escalade, très utilisé dans les années 50 et 60 dans le milieu montagnard, est maintenant désuet. Pour autant, le Salève reste un formidable terrain de jeu où les montagnards locaux (en particulier les Genevois) ont ouvert des lignes très engagées afin de s’entraîner pour passer des itinéraires difficiles dans nos montagnes alentour. Citons, par exemple, Michel Vaucher et Michel Piolat (oui ce prénom a été très à la mode !) qui se sont illustrés sur les parois de Chamonix et à l’autre bout du monde, et qui ont passé de nombreuses journées au Salève pour y débusquer de belles lignes de grimpe. Je ne peux citer tous les noms des pionniers de l’escalade au Salève, mais rendons-leur hommage, car ils nous ont laissé un formidable héritage de voies (parfois très patinées aujourd’hui !).

Malgré une météo incertaine, c’est donc dans un esprit montagnard que je propose à notre groupe d’aventuriers de découvrir ce petit massif le 12 octobre 2024. Sur le parking du « coin », un autre groupe de jeunes se prépare pour grimper. Inquiet de voir notre groupe, l’un d’eux vient m’interroger sur notre objectif. Je leur explique que nous allons parcourir les vires Bütikofer en mode via corda. De leur côté, ils vont grimper le grand dièdre, un grand classique du secteur du « coin ». Je n’ai jamais grimpé cette voie, mais j’en connais la réputation : 5c bien patiné (voire marbré tout du long). Je lui dis doucement qu’avec la prévision météo, c’est peut-être un peu osé, mais il semble confiant.

Après une rapide présentation du Salève, nous partons vers le départ de notre itinéraire, la roche « fendue ». Nous y trouvons des grimpeurs en train de gravir une voie bien soutenue. Ils ont aussi allumé un feu bois pour se réchauffer. L’odeur du feu donne une petite ambiance aventure sympa.

Nous commençons par découvrir l’encordement en mode montagne : anneaux de buste, nœud de chaise, et tenue corde dans la main. Notre objectif est de progresser en corde tendue sur les sections faciles et de passer en mode grimpe classique sur les passages verticaux.

Au moment de partir, quelques gouttes de pluie nous rappellent qu’il faudra se méfier de la météo, mais pour le moment rien de gênant pour notre objectif. Nous commençons par le pas de la roche fendue, un passage à l’ancienne bien patiné. Ceci donne l’occasion de découvrir l’assurage sur béquet. Puis nous traversons la roche fendue pour rejoindre le sentier des Etiolets et atteindre un gros câble métallique vertical ou nous passons en mode escalade sur six mètres. Ici, le leader assure son second avec un demi-cabestan. Nous poursuivons sur le sentier des Etiolets jusqu’au mur des « limaces » d’où nous partons en traversée pour rejoindre les vires Bütikofer. Les anciens avaient le charme de nommer les passages caractéristiques avec des noms très imagés : la paroi du gruyère, le bonhomme, le sphinx, la grotte de la table … Ceci ajoute souvent un peu de poésie à la grimpe, mais rarement de la clarté à l’itinéraire. Je me souviens d’un grand moment de solitude lors de l’ascension de l’arête Sud de Peuterey : « mais qu’est-ce qu’ils veulent dire par le passage de la demi-lune ???? ». Je m’étais un peu égaré ce jour-là…

Nous poursuivons par une première échelle, en assurage classique et demi-cabestan. Puis, l’ordre dans les cordées est alterné pour donner à tous ceux qui le souhaitent l’occasion de passer en tête. S’ensuit une longue traversée sur les vires, parfois très verticales et souvent très patinées. Nous évoluons parfois dans la brume, ce qui donne sur quelques photos une ambiance aventure. A la fin des vires, Martin trouve même un trou à explorer, mais sans y découvrir de trésors. Nous sortons des vires pour rejoindre le sentier Charvadon qui nous mène à la grotte de la mule. Nous y faisons la pause déjeuner. Je suis étonné de du pique-nique de certains qui ont emmené une belle gamelle avec des pâtes à la carbonara ou autre repas bien reconstituant. Lorraine et moi avons une pauvre boîte de sardines avec un peu de pain. Il faudra que l’on se mette « au niveau » pour les prochaines sorties.

Repus, les garçons explorent la grotte qui a son petit secret (je ne le révélerai pas ici) et tentent quelques traversées du toit de la grotte. J’avoue que je ne suis pas rassuré. Je reste proche au cas où, mais je ne peux pas me résoudre à les empêcher, c’est un peu l’esprit de nos sorties de faire des choses hors cadre…

Puis, nous repartons en direction de la paroi des Bütikofer pour enchaîner une belle descente de rappels. Arrivé sur place, je suis content de voir que les ados sont surpris par la manière de faire d’une cordée qui se trouve devant nous. C’est un couple, dont le garçon se sent assez « expérimenté » pour se contenter de garder une main sur le relais plutôt que de se vacher, une attitude plus que stupide…

Pour cette descente, je pars devant avec Jul, Maxens et Paul. Martin, Lucas, et Nathan font une cordée autonome. Maddy et Fantine sont accompagnées de Lorraine. La mise en route est un peu fastidieuse.  Ce n’est pas facile de se lancer dans une paroi aussi verticale. Le premier rappel nous mène à une vire confortable. Le deuxième mène à une grande vire sur laquelle il faut traverser une dizaine de mètres sur la droite pour atteindre le troisième relais. Heureusement, il y a un petit surplomb sous lequel il est possible de se protéger, car à un moment, nous voyons passer un gros pavé…

Le troisième rappel nous ramène au milieu des vires Bütikofer que nous devons retraverser en sens inverse sur 50 mètres afin de rejoindre le dernier rappel. Ici, Martin et Lucas prennent en charge la manœuvre pendant que je réceptionne les autres aventuriers pour leur transmettre les consignes. Malheureusement, la pluie commence à se faire bien sentir. Fantine, Maddy et Lorraine terminent bien « humidifiées ».

Nous retrouvons la voiture vers 17h00, après cette grosse journée pleine d’apprentissages. Bravo à toute l’équipe qui a bien appliqué les consignes d’évolution et super bien géré les rappels.

3 commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.